Profitons d’un rapport commun récent ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) / Ademe sur la communication cosmétique pour faire un rappel sur les allégations « naturel » ou « bio » (lien du rapport, concernant plusieurs domaines dont une jolie part pour les cosmétiques, en fin de post).
L’exactitude des allégations mentionnées pour un produit fini cosmétique a toujours été exigée dans les réglementations propres aux cosmétiques :
– Considérant 51, et art 20, du Réglement 1223/2009
– Règlement (UE) No 655/2013 établissant les critères communs (véracité, preuve, sincérité, équité concurrentielle…) imposées aux allégations.
La véracité, réglementaire donc, témoigne du respect du consommateur et de la transparence que l’on souhaite vis-à-vis de sa clientèle, au même titre que la liste des ingrédients. En outre, elle permet de se démarquer dans un environnement concurrentiel avec des informations fiables.
Allégation « naturel »
Selon l’ARPP, organisme de référence, « Un produit cosmétique ne peut être qualifié de « naturel » que si le produit fini contient un minimum de 95%(p/p) d’ingrédients définis comme « naturels » ou « d’origine naturelle ». »
Ainsi, un savon fabriqué par saponification à froid ne peut pas être qualifié de naturel (encore moins 100% naturel), de par la nécessité d’incorporer une certaine quantité de soude de synthèse. Soude de synthèse qui se retrouve bien sûr dans les molécules de savons (sels d’acides gras) et dans la glycérine. Le procédé de fabrication du savon ne devrait pas, non plus, être qualifié de naturel ; les ingrédients incorporés se retrouvant modifiés chimiquement suite à l’intervention de l’homme.
Si vous souhaitez plus de précisions pour les allégations « naturel », « d’origine naturelle », « dérivé de naturel », leurs définitions sont expliquées dans la partie 1 de la norme ISO 16128.
Effectivement, l’ARPP rappelle que « Lorsque les termes et expressions utilisés font l’objet d’une définition fixée par une norme, ils doivent être employés dans un sens qui correspond à cette définition ».
Cette norme ISO 16128 permet de déterminer dans le produit fini quel est le pourcentage de matières premières (ou matières recombinées) que l’on pourra qualifier de « naturel ». Et seulement ce pourcentage. Ceci doit être indiqué sur la communication visuelle du produit sans entraîner d’ambigüité pour le consommateur. Cette norme ne devra jamais être utilisée pour écrire « mon produit fini X est naturel ».
Allégation « biologique »
Selon l’ARPP, « Un produit cosmétique ne peut être qualifié de « biologique » que s’il remplit au moins une des conditions suivantes :
- il contient 100 % d’ingrédients certifiés issus de l’agriculture biologique ;
- il a été certifié « biologique » par un organisme certificateur ;
- il peut être justifié qu’il a été élaboré selon un cahier des charges publié, ayant un niveau d’exigence, en termes de composition et de teneur en ingrédients certifiés issus de l’agriculture biologique, équivalent au(x) niveau(x) d’exigence requis par les organismes certificateurs. »
Depuis la naissance du « bio », dans les années 20 (principalement en Autriche, Allemagne, Suisse, Royaume Uni), avec une révolution des modes de productions agricoles, il a toujours été admis qu’un ingrédient sera caractérisé « biologique » s’il est naturel et issu de l’agriculture biologique. Ce n’est que vers les années 90 que des labels et organismes certificateurs s’organisent en France pour les cosmétiques bio. Mais certains ingrédients autorisés en cosmétique bio peuvent s’éloigner de la définition originale.
Par exemple, il est évident qu’un minéral naturel ou synthétique ne sera jamais biologique, bien que certains puissent être autorisés par Ecocert… La norme 16128 est intéressante pour la précision des calculs de contenu biologique car l’indice biologique sera de zéro pour ce minéral; le pourcentage biologique dans le produit fini en sera diminué.
Vous avez des exemples dans le rapport ARPP de manquement aux règles. Ainsi, l’allégation « protéger la planète » sera jugée excessive s’il n’y a pas d’actions significatives, quantifiables et justifiées par la marque. De même, utiliser des visuels, ou autres moyens de communication, laissant suggérer une innocuité totale sur l’environnement alors qu’ils ne peuvent l’être à 100%, sera sanctionné. Ceci par exemple « lorsque les qualités écologiques du produit ne concernent qu’un seul stade de la vie du produit ou qu’une seule de ses propriétés ».
Ce savon SAF est le résultat d’une fascinante alchimie. Il est doué de propriétés de soins pour la peau (soins non au sens strictement médical car nous n’avons pas le droit de revendiquer une thérapie… même si parfois la frontière est mince), mais soins dans le sens « prendre soin de sa peau, de son bien-être… ».
Pourquoi l’affubler d’une communication trompeuse ? N’y-a-t-il pas un risque de perte de confiance des consommateurs ?
« Les marques doivent donc miser sur plus de transparence et délivrer des informations qualitatives, sinon, elles risquent de perdre une partie de leur clientèle » écrit l’Observatoire des Cosmétiques dans un article du 18 juillet – Les nouveaux leviers d’influence des consommateurs.
#halteaugreenwashing #bonnespratiquesautorégulation les réseaux sociaux sont aussi concernés
https://www.arpp.org/wp-content/uploads/2018/06/Bilan-Publicit%C3%A9-et-environnement-2017.pdf
Mais oui du coup ou est la frontière entre l artisanat et l industrie ? Quelles sont nos armes pour nous demarquer nous qui essayons de travailler les matières premières naturelles et sans petrochimie … vive l ansm et toute leurs lois pour eliminer les petits artisans et mettre l industrie a son avantage … continuons a produire de la cochonnerie de cosmétique sans vergogne grrrr
C’est rigolo, ça. Cela n’a rien à voir « entre artisanat et industrie » ! Vos armes, c’est justement la loyauté dans vos allégations et loyauté pour le consommateur, reprenez vos réactions de saponification, et regardez bien ce qui est naturel. Je ne comprends pas pourquoi caractériser une soude de SYNTHESE, celle avec laquelle on travaille, pure à haut grade, NATURELLE !! Quant aux additifs dit naturel, soit ils sont vraiment naturels mais alors risque de produits souillés naturellement, risque d’épuisement des ressources sans compter l’éthique douteuse de certaines exploitations ou forages (faut arrêter d’être bisounours), soit ils sont « naturel like » et sont tous simplement recréés en industrie pour des raisons de pureté et de protection du consommateur !
Pour info, la soude « naturelle » a existé en France : il existait des fours à goémon jusque dans les années 50, et donnait du natron, sorte de pain de soude (le natron existe depuis l’Egypte antique). Vous aurez sûrement un savon plus « naturel » !
Merci ! Enfin, un retour au bon sens même s’il est quand même dommage de devoir en passer par des règlementations et autres normes à n’en plus finir. Recentrons-nous sur l’essentiel et arrêtez cette surenchère aux allégations à finalité purement marketing et commerciale. Les gens qui achètent des savons saf ne veulent pas être pris pour des imbéciles. Personnellement, si je vois un savon estampillé « 100% naturel », je me dis que le savonnier n’a rien compris, je n’ai pas confiance et je passe mon chemin.